Un anarchiste singulier

Etrange personnage que Karl Hess (1923 - 1994), politicien, coureur motocycliste, réfractaire à l’impôt, anarchiste écologique. Les éditions Xénia ont publié dans leur collection Franchises « Petit traité du bonheur et de la résistance fiscale », court ouvrage (101 pages), interview de K. Hess par un journaliste inconnu, probablement en 1976. Dans sa préface, le traducteur de l’ouvrage David Laufer écrit « Je n’avais jamais rien lu de semblable, ni dans le ton, ni dans le fond ». Le ton est donné, ce livre est en dehors de tout ce que vous avez pu lire. En 1964, Karl Hess conseille et écrit les discours de Barry Goldwater, candidat très conservateur à la Présidence des Etats Unis. Puis il migre vers la gauche pour en arriver à vivre, en 1974, avec son épouse Thérèse Machotka, dans un ghetto de Washington avec une douzaine d’anarchistes vivants en auto-subsistance. Il vivra enfin en Virginie-Occidentale, dans une ferme de sa propre conception, vivant de troc car ses revenus étaient saisis par le fisc, pour cause de refus de paiement de l’impôt.
Humoriste, c’est sûr, libre-penseur et non-violent certainement et le plus simple pour vous en convaincre c’est de tirer quelques citations de l’interview.

« Aucun homme ne devrait être le maître d’un autre homme, quelle que soit la durée. Je crains ceux qui prêchent les changements sociaux comme s’ils n’étaient que les messagers du destin. Les messagers se transforment en maîtres dès qu’ils le peuvent. Sous tout le noble fatras rhétorique d’histoire et de destinée, il y a un front que démange le désir d’une couronne »
« Je crois que j’ai été normal pendant un brève période vers le milieu des années 50. Ce fut une expérience douloureuse »
« Les riches n’ont qu’un talent naturel, celui d’insulter les pauvres. Mais même ça, ça peut s’acquérir »
Une dernière « J’adorais l’éducation c’est pourquoi je passais aussi peu de temps que possible à l’école »
Comme dit au début, un livre totalement atypique.